Les bienfaits du jeûne sur la santé
– La glycémie tend à baisser, en réponse le foie produit du glucose à partir des graisses et des protéines, du fait de l’inversion du rapport Insuline (hormone hypoglycémiante) / Glucagon (hormone hyperglycémiante),
-- la perte en eau non remplacée dans la journée peut induire une déshydratation même en dehors de l’été, elle se manifeste par des selles moins molles des urines foncées un assèchement de la bouche, ces signes sont exacerbés – parfois dangereusement en cas de diarrhée de fièvre ou de grande chaleur – d’où la nécessité de précautions précises,
-- les graisses et certains de leurs produits (adipokines), redistribués favorablement avec chute du Cholestérol total et élévation du HDLc (bon cholestérol) dès le 15°j de jeûne maintenu jusqu’à 20j après l’Aïd, ont une action de «décrassement des vaisseaux»,
– la dégradation des Graisses libère des corps cétoniques nécessaires à la cellule cérébrale en l’absence d’apport de sucre, ils ont la capacité d’acidifier le Sang ce qui induit une diminution de la sensation de faim,
-- l’acide urique mobilisé peut déclencher une crise de goutte en cas de régime riche en abas; par ailleurs le sang tend à être plus concentré, le bilan reste toutefois comparable en fin et avant le jeûne, sans perte de sels minéraux ni anémie,
-- le taux d’IGF1 puissant facteur de croissance stimulant le développement des tissus mais aussi des tumeurs chute, tout comme la PKA enzyme fortement impliquée dans le processus du vieillissement,
-- la chronobiologie – qui régule tous les mécanismes biologiques dans le nycthémère dite horloge biologique, est inversée par la vie nocturne et la moindre activité diurne, elle modifie le rythme du sommeil, ce dernier sera fractionné abrégé parfois «non réparateur»;
L’ensemble de ces modifications aboutit à une désintoxication du corps éliminant les toxines emmagasinées toute l’année – un renouvellement du système immunitaire système de défense; la chute des Globules Blancs stimule le cerveau en vue d’un signal recrutant de nouvelles cellules et des cellules souches; quelques jours de jeûne suffiraient selon les spécialistes à réaliser ce grand exploit, justifiant l’expression «sôomou Tassihou».
Sur le plan psychologique, le jeûne commémore la révélation du Coran au Prophète (qsssl), il fait le lien avec le début de l’humanité, ayant une grande importance au Maghreb même s’il est plus ou moins bien appliqué, certains patients jeûnent en dépit d’un état général altéré, d’autres sujets même bien portants craignent un danger pour leur santé, en période d’été jeûne long en sus de la chaleur diurne.
il est important de constater que Ramadhan décale chaque année de 11j, permettant un entrainement progressif et minutieux dès l’âge de la puberté, aux situations les plus extrêmes quant au climat (du plus grand froid en hiver à la plus forte chaleur en été), et à la durée du jeûne (12h pour la plus courte, 17h pour la plus longue), confirmant ses objectifs de bienfaits pour la santé. De même, la recommandation de jeûner 06j dans le mois qui suit Ramadhan, assure un retour en douceur, à la diététique antérieure.
Ramadhan a d’autres objectifs:
contrôler ses instincts ses pulsions, la maîtrise de soi, l’effort de vie en communauté, le développement du sens de fraternité du don de soi…
Un jeûne bien conduit, rend plus léger avec une peau plus claire moins de stress une sérénité intérieure permettant un recul sur soi-même un temps de réflexion, et l’accès à un degré de spiritualité qui ne peut être atteint que grâce au jeûne: c’est le moi profond qui se réoriente.
Cette «secousse» corporelle psychologique et mentale, agit comme pour «dépoussiérer» l’accumulation de produits nocifs et du stress, ce qui permet la réparation des cellules endommagées, assure leur renouvellement et rajeunit le corps et l’esprit – cet ébranlement aux effets d’une famine «à minima» aboutit à un «nouvel ordre» plus performant, par un changement profond des différentes fonctions corporelles, faisant intervenir les mécanismes les plus complexes, telle la modification de l’expression des gènes, en vue d’une désintoxication – une réduction du risque vasculaire et un recrutement de nouvelles cellules dont des cellules souches, pour un nouveau départ;
C’est l’association d’une mise en condition psychologique et mentale aux variations biologiques du jeûne, qui rehausse l’être humain à une telle performance, confirmant le lien corps-esprit.
A l’opposé, en cas de danger pour la santé, ne pas jeûner est un acte de foi, la réparation du jeûne « raté », étant bien codifiée.
Ces bénéfices chaque jour confirmés par les études scientifiques anciennes et récentes, sont actuellement mis à profit par de grandes équipes scientifiques médicales, pour inhiber les tumeurs (cancer), protéger les neurones des altérations liées aux maladies neurodégénératives (Alzheimer - Parkinson), et traiter les maladies métaboliques; un scientifique conclut: nous n’avons aucune preuve que le jeûne est dangereux, par contre nous avons beaucoup de preuves qu’il améliore l’état de santé, comme déjà précisé par notre Saint Coran «wa in tassomo khayrone lakoum»(S2-184) et par notre Prophète (qsssl) «essyam djounna» (protection).
Le Prophète (qsssl), pratiquait l’abstinence alimentaire en signe d’humilité, afin de pousser les limites au-delà de leurs possibilités, pour une profonde communion avec le monde qui l’entourait: «Un esprit sain dans un corps sain».
Ramadhan est (et doit être) l’occasion de corriger nos erreurs, autant alimentaires – aujourd’hui très toxiques avec déséquilibre et surabondance, que les erreurs comportementales d’une vie «moderne» stressante insolente et agressive. Œuvrons pour l’accès à ces bienfaits par une alimentation saine à base de légumes – sans excès de graisses – où les quelques sucreries sont naturelles (dates, fruits) – la soupe et l’apport d’eau réparti dans la soirée réhydratent et optimalisent la désintoxication – où les protéines (œufs, viande blanche ou rouge, légumes secs) agrémentent même en petite quantité régulière nos plats et salades, tout en assurant une reconstruction tissulaire efficace – le sommeil abrégé fractionné, si nous n’exagérons pas son inversion apportera un repos suffisant – accueillons l’Aïd loin de la surabondance alimentaire du stress et de l’agitation – permettons à cette secousse biologique psychologique et mentale de nous faire accéder au calme intérieur et à la sérénité, oeuvrons pour épurer notre corps et notre esprit, en vue d’une vie communautaire plus fraternelle où le don de soi l’emportera sur l’égocentrisme.
Par : Professeur F. Sekkal, Chef de service de Diabétologie, CHU M.L.Debaghine bab-el-oued - Alger -Algérie.